Les difficultés des PME françaises face à la pandémie de Covid-19
En amont de la chaîne industrielle, les petites entreprises subissent de plein fouet les conséquences de l’épidémie de Covid-19 et composent pour s’y adapter malgré les risques. Passage en revue des difficultés particulières rencontrées par ces TPE et PME :
Face aux risques que fait peser l’épidémie de Covid-19 et à ses conséquences sociales, la sous-traitance industrielle française adapte ses activités et tourne au ralenti. Comprenant de nombreuses TPE et PME, le secteur à la base de la chaîne industrielle connaît des difficultés spécifiques. Passage en revue..
“40% des entreprises effectuent au moins la moitié de leur activité normale, 20% font moins que cela et le reste est à l’arrêt”. Les estimations de Philippe Contet, le directeur général de la Fédération des industries mécaniques (FIM), sont à l’image du reste de l’économie.
Composer avec des informations contradictoires
C’est la principale récrimination. Dans le flux des témoignages, la solitude des dirigeants d’entreprises sous-traitantes transparaît. Ils ont dû gérer seuls un flux d’informations et de demandes contradictoires avant d’assumer des décisions souvent cruciales pour leurs usines et leurs salariés. Même les aides promises engendrent un surcroît de travail et d’inquiétudes. “On a laissé les chefs d’entreprise face à un gouvernement qui leur dit “confinez, mais travaillez”, face à des clients fermés et d’autres obligeant à ouvrir, et à des salariés coincés entre la peur et le besoin de travailler”, fustige le PDG d’une société de décolletage dans le Pas-de-Calais.
Et ce alors que les sous-traitants auraient aimé bénéficier de l’appui de l’Etat face aux demandes de certains donneurs d’ordres. “De grands constructeurs allemands, par exemple, menacent de poursuivre pour non-respect des délais de livraison”, relate un autre PDG. Alors qu’en France, les portes des grands industriels ferment.
Continuer le travail… sans passer pour un “tueur”
La petite taille des entreprises sous-traitantes favorise le dialogue avec les salariés, mais complique aussi les relations face à la panique engendrée par la pandémie. Pour convaincre les employés de travailler, le dialogue et les mesures de sécurité sont clés. Mais l’exercice reste une gageure lorsque plusieurs sont retenus chez eux pour des raisons familiales ou médicales et que d’autres craignent pour leur santé.
Tous ceux qui l’ont pu ont favorisé le télétravail, malheureusement impossible dans les sociétés d’usinage telles que MPM par exemple, mais des mesures on été mise en place telles que l’utilisation de gel désinfectant, le port du masque et la distanciation des postes de travail.
Un carnet de commandes chamboulé
Impact direct de la crise sanitaire et du confinement : le carnet de commandes des sous-traitants s’est amaigri. « Au total, nous sommes à 40 % de nos capacités habituelles.” cite Mr. Renault, dirigeant de Montiège Précision Mécanique. Une situation instable pour tout TPE et PME, que vit pourtant la majorité des acteurs dans ce secteur de la mécanique de précision et générale.
La crainte des délais de paiement
Alors que la fin du mois approche, l’inquiétude de ne pas voir arriver les paiements grandit. “Certains donneurs d’ordres ont profité de la crise pour dire qu’ils étaient fermés et qu’ils ne paieraient pas, regrette Michel Gergonne. Mais nous savons pertinemment que leurs services de comptabilité sont ouverts.” Une difficulté de plus qui vient peser sur la santé des entreprises. Et qui se répercute à toute la supply chain. “Leurs fournisseurs pourront-ils soutenir le manque de cash ?, interroge Jean-Claude Reverdell, président du syndicat professionnel Artema. S’ils ne peuvent pas, ils vont reporter le délai à leurs propres fournisseurs. Cela fait peser un risque sur toute la chaîne.”
A cela s’ajoute le risque, inverse, de se voir attaqué pour ne pas avoir continué la production. Une pression supplémentaire, contre laquelle le gouvernement pourrait agir. “Il faut acter que la pandémie est un cas de force majeure, présente Jean-Claude Reverdell. Cela permettrait de dire que la non-livraison ou le report des livraisons n’est pas lié à un problème technique.” Une décision qui empêcherait tout recours en justice de la part des clients. “Encore faut-il une décision claire de la part du gouvernement”, pointe-t-il.
Anticiper la reprise
Dernière angoisse : une fois la crise passée, le retour à l’activité s’annonce lui aussi compliqué, et cette incertitude se répand dans toute la chaîne de valeur.
Alors que l’épidémie perdure, la crise économique risque, elle aussi, de faire des ravages.
SOURCE : Article de « L’Usine Nouvelle »
Revisité par N. Renault – MPM